Polarsteps : les cailloux blancs du Petit Poucet sont "has been".
- Dominique
- 9 juin
- 4 min de lecture
Accompagner des voyages, c'est bien sûr découvrir de nouveaux pays, mais c'est également rencontrer de nouvelles et passionnantes personnes avec lesquelles nous gardons souvent contact, grâce à Polarsteps. Ces personnes suivent nos voyages sur cette application, comme nous suivons les leurs. Autrefois, le petit Poucet retrouvait sa route grâce aux petits cailloux blancs, aujourd'hui les cailloux blancs sont remplacés par Polarsteps.
Grâce à cette application, nos amis savent exactement où nous nous trouvons et inversement. Elle nous permet de nous retrouver sur une aire lors de nos voyages respectifs. Parfois, nos amis nous invitent à découvrir leur ville lors de notre passage dans leur région, comme ici à Arras, où vivent Anne et Jean-Jacques, ainsi que Claudine et Olivier, rencontrés lors de notre voyage Réveillon Maroc 2025.

Le Nord et le Pas-de-Calais ne sont pas les premières destinations auxquelles on pense quand on veut découvrir la France et ses innombrables territoires. Pourtant, un peu par hasard, nous nous sommes attachés à cette région : d'abord car nous avons été bloqués pendant 15 jours à Dunkerque en 2021, ensuite car nous y avons régulièrement séjourné, soit avant un accompagnement en Ecosse, soit après. Nous apprécions tout particulièrement la baie de Somme, Le Touquet, les vastes et splendides plages de la région, bref… les côtes.

Pour la première fois, nous nous sommes aventurés à l'intérieur, à Arras, la ville de nos amis, et dont l'architecture - maisons en briques et beffroi - se rattache déjà à la culture du nord de l'Europe et rappelle Brême ou Lübeck. Dans les vastes et plates plaines du nord, le vélo est un moyen de locomotion facile d'autant plus que la ville d'Arras a aménagé une très agréable voie verte le long de la Scarpe et c'est, bien sûr, avec nos chevaux électriques, que nous rejoignons tous les 6 le centre historique. Pour les montagnards et sportifs à la recherche de dénivellations de malade, passez votre chemin ou montez au sommet du beffroi d'Arras, construit par les bourgeois de la ville au Moyen Âge afin de s'émanciper de l'autorité de l'Eglise ou du seigneur local. Toujours plus haut : rien de neuf sous le soleil ou sous la "drache", nom inventé par les gens du nord car les mots manquaient pour décrire tous les types de pluie qui existent chez les Ch'tis ? Toujours plus haut sont les mots d'ordre des hommes de tout temps, toujours en train de comparer la "longueur" de leur… - beffroi dans le nord. Le beffroi et l'hôtel de ville, classés au patrimoine mondial de l'humanité, ornent la place centrale de la ville, piétonne et très agréable sous le soleil printanier. C'est un lieu très convivial, où les voitures ont été éliminées, remplacées par des terrasses et des restaurants où nous avons dégusté une succulente crêpe, au soleil. Les maisons anciennes qui entourent la place lui donnent beaucoup de cachet.

Toute la région, et tout particulièrement la ville d'Arras, sont marquées par les guerres mondiales et surtout par la Première guerre mondiale : cimetières anglais, canadiens, néozélandais, monuments aux morts gigantesques, véloroute de la mémoire, marquent le paysage. Dès le Moyen Âge, le sous-sol d'Arras - en craie - a servi de carrières pour la construction des maisons et ce jusqu'au XVIII S. Les souterrains ou boves vont être réutilisés et agrandis principalement par des tunneliers néozélandais lors de la Première guerre mondiale. Les Alliés, lassés par 3 ans de guerre de position, veulent lancer une importante offensive au printemps 1917, Arras servant de diversion pour masquer l'offensive principale qui aura lieu dans l'Aisne (Chemin des Dames). Pour éviter une boucherie, l'armée britannique va développer le réseau des boves permettant de faire surgir dans les lignes allemandes 24000 hommes le 9 avril 1917. Les historiens considèrent que la bataille d'Arras a été gagnée par les Britaniques puisqu'elle a permis l'avancée du front jusqu'à Vimy (11km), mais elle a "coûté" 158000 soldats et la fameuse percée du front tant attendue n'a pas eu lieu. Pendant la Seconde guerre mondiale, les souterrains ont à nouveau servi d'abri anti-aérien à la population d'Arras. Une des nombreuses boves - la carrière Wellington - est ouverte au public depuis 2008. La ville, détruite aux 3/4 pendant la Première guerre mondiale, a été reconstruite à l'identique après 1918 et conserve donc un beau patrimoine historique, un peu moins endommagé par la Seconde guerre mondiale et certes reconstruit, que la ville cherche à mettre en valeur depuis le déclin des activités minières dans le Nord - Pas de Calais.
N'oublions pas le patrimoine immatériel : hommage aux 6 sortes de bières pression locales - rien que ça - servies à la crêperie; à la tarte aux Maroilles préparée avec amour par nos amis; au championnat du Monde - s'il vous plaît - de la frite d'Arras qui se déroule au mois de septembre, probablement au gras de bœuf, pas si gras que ça.

Un des charmes du voyage tel que nous le pratiquons est de disposer de temps libre. Temps qui nous permet d'aller à la rencontre de nouvelles personnes, de découvrir à travers leur regard leur ville, leur région. Découvrir des lieux improbables où nous ne serions jamais allés, peut être pas, probablement pas comme Arras. Ces échanges vont dans les deux sens puisque les gens jettent un œil autre sur leur espace quotidien, vont visiter des lieux qu'on ne visite finalement jamais car nous sommes toujours trop occupés par les obligations de la vie quotidienne. Merci à nos amis Anne et Jean-Jacques, Claudine et Olivier pour leur accueil chaleureux.
Toujours un plaisir d'avoir de vos nouvelles et ça fait un sacré moment que j'e n'ai pas ouvert le Blog. Profitez bien !
Superbe description ! Et quelles recherches historiques ! Notre région est en effet chargée d'un lourd passé . Quel bel hommage vous lui rendez . Elle a encore beaucoup à vous faire découvrir !
Merci à vous deux Dominique et Denis !