Fantômes et pubs à Edimbourg

Après une semaine passée sur l'île de Mull, nous voici en route pour Edimbourg, capitale politique de l'Ecosse (c'est Glasgow qui en est la capitale économique). Nos deux filles, Lucille et Aurélie nous rejoignent pour une petite semaine et leur avion atterrit à Edimbourg.

Afin de découvrir la ville et son histoire, nous avons réservé une visite guidée privée avec le guide conférencier français David LEGRAND.

Parmi l'éventail proposé, nous avons retenu, en cette période d'Halloween, la visite nocturne intitulée Ghost Tour.

C'est ainsi que nos filles ont appris que leur chambre d'hôtel, au troisième étage de South Bridge, est adossée à une ancienne arche de pont dont certaines cavités sont habitées par des esprits frappeurs.

Nous avons énormément apprécié cette visite : d'abord, elle s'est faite à la tombée de la nuit quand fantômes et esprits sont de sortie; ensuite, nous sortions d'un pub écossais incroyable où les cocktails étaient aussi beaux que bons et légèrement ivres, les fantômes semblent encore plus réels; troisièment, notre guide, un acteur à l'origine, a su mettre en place une ambiance effrayante. La visite s'est achevée dans le cimetière de Greyfriars dans une ambiance macabre. Aucune lumière sur le site, sauf la lumière du téléphone de notre guide qui éclairait vaguement les tombes; la lune était cachée par les nuages - bien sûr - ; au loin, quelques bâtiments remarquables et surtout éclairés, trouaient la pénombre. Pendant ce temps, notre guide nous expliquait que sous nos pieds, ce sont accumulés 25 mètres de cadavres, tout en nous racontant l'histoire des convenantaires enfermés dans la prison à côté du cimetière, et dont les âmes peinent à trouver la paix.

La prison des convenantaires - Greyfriars

La visite était également d'un bon niveau intellectuel. Au travers de ses anecdotes, le guide a su communiquer sa passion de l'histoire de la ville d'Edimbourg, particulièrement originale. La ville s'est construite autour de deux châteaux: le château médiéval, comme tous les châteaux médiévaux en site défensif au sommet d'une colline, et un château d'agrément au bas de la colline construit pendant la Renaissance (Hollyrood Palace). Ces deux châteaux sont reliés par une large avenue: le Royal Mile. De part et d'autre de ce Royal Mile, partent de nombreuses closes ou ruelles étroites qui ont inspirées J.K. Rowling pour les chemins de traverse dans Harry Potter.

Photo : Lucille KRAUTH

Ces closes sont les témoignages de l'extraordinaire surpopulation de la ville d'Edimbourg au XVII° S, avant la construction de la ville "nouvelle".

Toute aussi extraordinaire est l'histoire des ponts. Deux ponts ont été construits à Édimbourg :"North Bridge" et "South Bridge" au XVIII° S. Ces deux ponts ont progressivement été englobés dans la ville, c'est à dire que des immeubles ont été adossés aux ponts, les faisant totalement disparaître dans le tissu urbain, sauf à trois endroits où se voit le décalage entre rue haute et basse. Plein de caveaux mystérieux et redécouverts dans les années 1980, témoignent de l'incroyable histoire de ces ponts où errent, toujours et encore, des fantômes et autres esprits frappeurs.

A la fin de cette visite, nous étions affamés et c'est à cette occasion que nous avons découvert une des particularités des restaurants anglais et/ou écossais. En effet, il existe d'un côté des pubs, soit l'équivalent des bars chez nous et de l'autre côté, des restaurants, sauf que les pubs servent aussi à manger, mais plus après 18h30. Bref, il est très difficile de manger à Edimbourg après 18h30, les restaurants étant nettement moins nombreux que les pubs. Là, j'ai cru que notre plus jeune fille, Aurélie, Parisienne d'adoption, allait prendre le premier avion pour rentrer à Paris. Elle parlait déjà de bled pour qualifier Haguenau, car les restaurants fermaient la cuisine vers 22h30 en semaine, inimaginable à Paris. Nous avons donc abouti dans une improbable pizzeria, à manger une encore plus improbable pizza. Ils n'ont quand même pas osé la pizza au haggis, fameux plat national écossais qui répugne tout particulièrement nos filles, végétariennes. Par contre, nous sommes tombés totalement sous le charme des pubs.

Notre fille aînée, Lucille, qui vit et travaille à Grenoble, est une grande fan des bars. Son bar préféré est un bar écossais, dont le patron est d'origine écossaise et qui lui a conseillé deux, trois pubs à Edimbourg. Nous sommes, bien sûr, allés dans ces pubs. Ce qui y est fabuleux, c'est l'ambiance chaleureuse qui y règne. Les gens qui y vont sont détendus, gais; les serveurs aimables, gentils; la nourriture servie de qualité sans oublier les nombreuses bières à la pression, un grand choix de whiskies ou de cocktails. Les décors "victoriens" contribuent également à créer cette ambiance chaleureuse. Nos filles, grandes amatrices de bars, ont adoré !

Cette ambiance "victorienne"- vieillotte dirait Aurélie - se retrouve dans la vieille ville. Celle ci, construite en pierre de taille grise, dégage une impression médiévale, qui - à mon avis - donne du charme au Royaume Uni, mais dont le côté gris - gris du bâti sur gris du ciel - pèserait à Aurélie sur le long terme, affirme-t-elle.

Lucille, quant à elle, ne voit que les pubs et trouve la ville joyeuse.

Edimbourg joue à fond sur le côté médiéval pour attirer les touristes : de nombreuses boutiques de souvenirs Harry Potter, le côté fantôme mis en avant...

Nous avons aussi trouvé la ville très calme, provinciale aurait dit Aurélie. Je pense que c'est simplement lié au mois de novembre. En effet, la ville d'Edimbourg est connue pour ses festivals qui attirent des milliers de touristes, comme festival Fringe (août) qui rassemble depuis 1947 plus de 2 500 spectacles, principalement des spectacles de rue.

Photos : Lucille KRAUTH