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BurgerKing à Cordoue

Dans la patrie des tapas, où sommes-nous allés manger à Cordoue ?

Dans un BurgerKing !

Un comble, pour les gastronomes que nous sommes, sans même parler de notre goût immodéré pour la découverte d'autres cuisines. Nous avons dégusté notre menu "Master double cantal" arrosé d'un délicieux Coca zéro et le tout accompagné de frites trop cuites, assis sur les marches conduisant à la mosquée.


Que s'est il passé de terrible dans notre vie pour en arriver à de telles extrémités ? Comme les retraités qui vont faire leurs courses le samedi matin à l'heure de pointe, nous voulions manger des tapas, sur une terrasse, au soleil, au cœur de la vieille ville, avec vue sur la mosquée - bien sûr - un samedi, pour fêter nos 32 ans de mariage.

32 ans de mariage méritaient bien une petite fête. Malheureusement, ce qui partait d'une bonne idée est devenu une galère ! La moitié de la population andalouse voulait également profiter du soleil, au cœur de la vieille ville, et bla bla bla... Nous avons erré dans Cordoue à la recherche de cet endroit mythique et avons fini... au BurgerKing, totalement affamés et désespérés. C'est un signe ? Faut-il en conclure que notre mariage a sombré, comme la diversité culinaire ?


Après cette déconvenue, la visite de la mosquée, principal mais pas unique attrait de la ville de Cordoue, ne pouvait que nous réconforter.


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Nous avons souvent constaté que les villes espagnoles ne sont pas très belles et Cordoue n'échappe pas à ce constat. Construites à la hâte, avec de grands ensembles sans aucun charme, sans parler des immenses zones commerciales et industrielles qui s'étalent sur les kilomètres le long des axes routiers, il manque à ces villes un plan d'urbanisme cohérent. Un immeuble neuf peut ne pas être relié à la voirie; un bâtiment est construit, mais l'espace autour n'est pas pensé, les places de parking non prévues, les abords laissés en friches. Des projets déjà viabilisés sont abandonnés, des immeubles non achevés (conséquences de la crise de 2008-2009 qui a durement touché l'Espagne ?) sans parler des déchets de toutes sortes qui jonchent les abords des routes ou les terrains laissés à l'abandon, parfois même au cœur des villes.


Au contraire, les centres villes historiques sont souvent très bien entretenus, il s'agit bien évidemment d'attirer les touristes. Cependant, ces centres villes n'échappent pas à la muséification que nous avons déjà rencontrée dans d'autres villes, comme Venise et Dubrovnik, par exemple. Par muséification, j'entends que cette partie de la ville n'est destinée qu'aux touristes et toutes les activités tournent autour du tourisme : aménagement ou adaptation du patrimoine pour une exploitation touristique à grande échelle avec billeterie et files d'attente, horaires d'entrée avec vigiles; boutiques de souvenirs kitsch, restaurants, l'inévitable BurgerKing ou autre en face de la mosquée, hôtels car les "vrais habitants" vivent en périphérie. A Cordoue, le centre historique est "bouclé" et seuls les taxis disposent de badges pour y circuler. C'est finalement une bonne chose, car flâner dans un centre historique piéton est bien agréable.


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Compte tenu de l'organisation quasi militaire des visites, j'imagine les hordes de touristes qui partent à la découverte de la ville, l'été. Oui, je sais, c'est l'hôpital qui se fout de la charité! Je veux visiter la mosquée, donc je suis une touriste mais, bien sûr, je veux disposer des biens mondiaux de l'Humanité pour moi toute seule! Souvent, nous fuyons les lieux trop touristiques, mais ne pas voir de mes propres yeux la mosquée de Cordoue ou l'Alhambra, ce n'était pas envisageable pour moi et j'étais prête à affronter les BurgerKings, les éventails, les robes à froufrous pour le flamenco, et même les têtes de taureaux empaillées qui vous regardent fixement dans les restaurants...

Ceci dit, nous avons beaucoup de chance puisque nous visitons ces lieux hors saison et toujours à l'heure de la sieste des Espagnols, soit entre 14h00 et 16h00, où tout le pays s'arrête de fonctionner.



Au Moyen âge, Cordoue était la capitale de l'Espagne musulmane. En 755, Abd al Rahman, le seul prince de la dynastie des Omeyyades à avoir échappé au massacre de sa famille à Damas par les Abbasides, s'installe en Espagne. En 929, son descendant Abd al Rahman III prend le titre de calife et achève la mosquée commencée au VIII° siècle. Le X° siècle représente le siècle d'or de l'Espagne islamique, et la mosquée de Cordoue rivalise avec celle de Damas. Sa partie la plus ancienne est construite sur l'antique basilique wisigothique Saint Vincent et en reprend les arcs superposés, avec une alternance de briques rouges et de pierres. Quatre califes vont agrandir et embellir la mosquée.


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L'autre élément remarquable de la mosquée est le mirhab, niche qui indique la direction de La Mecque, vers laquelle se tournent les musulmans pour prier. À Cordoue, le mirhab a la particularité d'être une pièce et non une simple niche, et est orné de mosaïques à fond d'or et d'azur, venant de Constantinople.


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En 1236, Cordoue redevient chrétienne et, comme souvent, les nouveaux maîtres des lieux cherchent à éliminer toute trace du passé. La mosquée est d'abord affectée au culte chrétien et au XVI° siècle, l'évêque de Cordoue, Manrique, obtient l'autorisation de construire une cathédrale au centre de la mosquée. Quand Charles Quint vit le résultat, il dit ces mots fort justes : "vous avez détruit ce que l'on ne voit nulle part pour construire ce que l'on voit partout".


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Commentaire de Denis


L'ingénieur ne peut que saluer les techniques et l'ingéniosité qui ont été mises en œuvre pour intégrer la cathédrale au sein de la structure de l'édifice existant. Il s'agit d'une authentique prouesse.



Mais le résultat ne parvient, finalement, qu'à mettre en exergue l'incongruité de cette entreprise .

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© 2023 Dominique et Denis KRAUTH

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