Vía Verde del Aceite
- Denis
- 22 avr. 2022
- 3 min de lecture
Après notre parcours inoubliable de la Vía Verde de la Sierra, nous n'avons eu de cesse que d'essayer de trouver d'autres pépites cyclables tout aussi merveilleuses.
Malheureusement, nous avons essuyé de nombreuses déconvenues, que Dominique a déjà évoquées. Force est de constater que si les investissements lors de la création des Vías Verdes après 1993 ont été conséquents et qualitatifs, il nous est apparu qu'une très grande partie du réseau a été laissée plus ou moins à l'abandon depuis. Le revêtement est très rarement en enrobés bitumineux, le plus souvent en terre battue. Plusieurs tronçons que nous avons essayés sont en mauvais état, voire impraticables. Souvent, des portions du tracé sont utilisées par les indigènes qui y passent avec leurs véhicules, créant ainsi des ornières et des nids de poules.
Ailleurs, nous avons constaté sur place que l'appellation Vía Verde a été remplacée subrepticement par Camino Natural et que ledit chemin naturel n'est plus du tout utilisable avec des vélos, comme son nouveau nom le laisse entendre.
D'autres fois encore, l'entretien était inexistant ou inadapté : nous sommes ainsi tombés un jour sur une niveleuse et un tractopelle qui se contentaient de racler la surface pour tenter de l'aplanir à nouveau, ce qui n'a eu comme effet que de parsemer la piste de cailloux anguleux, probablement délogés ainsi de l'ancien ballast ferroviaire.
De notre expérience, seules les « stars » parmi les voies vertes espagnoles continuent à bénéficier d'un entretien régulier, ce qui est bien dommage.
C'est finalement dans le pays de Jaén, capitale espagnole - si ce n'est mondiale - de l'huile d'olive, que nous avons trouvé notre deuxième pépite : la Vía Verde del Aceite.

Au long de son parcours, nous avons constaté qu'une partie de la signalisation la désigne comme Vía Verde de la Subbética. Nous supposons qu'il s'agit là de son nom original et que les dieux du commerce et du tourisme ont décidé ultérieurement de la rebaptiser, dans le but d'accroître la notoriété de la production locale et d'utiliser une appellation plus évocatrice pour qui n'a jamais entendu parler de la province romaine de Bétique.
Nous avons parcouru 5 tronçons de cette très belle voie verte, à travers des paysages différents, mais tous invariablement cultivés d'oliviers à perte de vue.

De Cabra à Lucena, 27 km aller-retour
De Cabra à Estación Doña Mencía, 28 km A-R
De Estación Doña Mencía à Zuheros et La Laguna, 27 km A-R
De Estación Vado Jaén au viaduc du Guadajoz, 36 km A-R
De Estación Vado Jaén à Martos, 32 km A-R
Nous n'avons pas parcouru le tronçon en gris au milieu de la carte, du viaduc du Gadajoz à La Laguna, trop éloigné de chacun des stationnements que nous avons pu trouver pour accéder à la voie verte avec notre camping-car.
De ce point de vue, le long des 128 kilomètres de cet itinéraire cyclable, seule la ville de Cabra propose un accueil qualitatif pour les camping-cars, avec une aire équipée des tous les services de vidange et remplissage, située directement à côté de la vía verde et de surcroît totalement gratuite.
À Estación Doña Mencía il existe certes aussi une aire, mais située directement à côté de la route principale et exposée au vacarme incessant des camions. Nous y avons simplement utilisé le parking, le temps de faire notre sortie à vélo.
A Estación Vado Jaén, il y a une aire de pique-nique sur le site de l'ancienne gare, avec seulement deux petites places de stationnement, en bord de route. Mais si on s'aventure un peu dans les petits chemins, il est possible de s'installer entre deux oliviers, dans un calme quasi-absolu. L'absence de tout service fait que ce lieu est très peu fréquenté par les camping-caristes, car faut être totalement autonome. C'est précisément pour cette raison que nous aimons ce type d'endroit, et c'est pourquoi nous avons beaucoup investi dans l'autonomie de notre maison roulante.

Nous restons généralement une ou deux nuits au même endroit. A Estación Vado Jaén, nous en avons passé trois.

De toute la semaine au cours de laquelle nous avons sillonné cette voie verte, c'est le secteur de Estación Doña Mencía et Zuheros qui nous a le plus enchantés.

Nous avons aussi beaucoup aimé le tronçon allant de l'ancienne gare Estación Vado Jaén jusqu'au viaduc enjambant la rivière Guadajoz, pour ses paysages et ses nombreux ouvrages d'art, qui ont forcément tapé dans l'œil de l'ingénieur en Génie Civil et dont l'ingénierie et la construction ont été assurés par une entreprise française qui a réalisé, entre autres, le pont de Tancarville, le pont de Bir-Hakeim et la charpente du Grand Palais, à Paris.

À parcourir ainsi, pendant toute une semaine, une si vaste étendue de champs d'oliviers, nous avons pu constater à quel point sa culture nécessite de travail. Certains oléiculteurs ont même un sens de l'esthétique élevant leur métier au rang d'Art, comme on peut en juger sur ce cliché :

et vous comprendrez ma consternation en entendant Dominique me dire « regarde, on dirait une Linzer Torte ! »
À chacun ses références…
Votre parcours est toujours aussi intéressant, vous citez des endroits que le touriste classique a rarement l'occasion de découvrir : par manque de temps sûrement et aussi par le fait qu'il n'a pas de "maison roulante". J'aime beaucoup le damier et non Dominique ce n'est pas une Linzer Torte !!
Je n'ai pas eu le tps de commenter l'épisode coiffure mais c'était très drôle : comment évolue cette coupe speciale Espagne ?