Ávila

🥶

Arrivés à Ávila, nous poursuivons notre incursion dans le froid et la Meseta ibérique, les deux étant intimement liés. A Ávila, située à 1182 m d'altitude, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Madrid, nous avons la fâcheuse impression de retourner en Alsace : le brouillard nous empêche de voir le sommet de la muraille; il fait froid - à peine 1 degré - et la météo hésite entre pluie et neige.

Remparts sous neige et grisaille

Ávila est également une capitale régionale, se situant au cœur de la Meseta, ce haut plateau qui se localise au centre de la péninsule ibérique, qui couvre la moitié de celle-ci et qui représente le cœur historique de la Castille et du Leon. Cette Meseta est quasiment vide, sauf son centre Madrid, devenue capitale de l'Espagne sous Philippe II en 1560, et ce pour des raisons historiques. Lors de la conquête musulmane en 711, les populations chrétiennes ont été évacuées vers le nord de la péninsule, vidant l'immense Meseta. Suite à la lente reconquête de l'Espagne par les royaumes chrétiens, au XI° S, Raymond de Bourgogne, gendre du roi de Castille Alphonse VI, a été chargé de repeupler la Castille et afin de protéger les populations, a fait construire des murailles autour de Salamanque, de Ségovie et d'Ávila. La Meseta se repeuple doucement, mais entre la conquête de l'Amérique et le XVII°S, 500 000 Espagnols s'installent dans le Nouveau Monde, vidant à nouveau celle-ci. Cette hémorragie se poursuit aujourd'hui, les populations s'installant sur les littoraux et leurs métropoles, délaissant l'intérieur sauf le centre, Madrid.

A l'heure actuelle, l'Espagne compte 1 800 localités avec un seul habitant. Deux collectifs de citoyens des régions les plus désertées en Aragon ont lancé une "révolte de l'Espagne vidée", organisant des manifestations à Madrid et réclamant le maintien des services et une couverture internet.

En effet, Ávila ne nous a pas particulièrement éblouie par son dynamisme : les rues, comme les restaurants, étaient quasiment vides. Le centre-ville n'a pas grand intérêt, ni charme particulier, sauf la fameuse muraille.

Construite au XI° S, sur les restes de la muraille romaine par Raymond de Bourgogne, elle est composée de 88 tours et de 9 portes. Cette muraille constitue le principal attrait d'Avila car elle est parfaitement conservée (preuve du peu de dynamisme de la ville car ailleurs, les murailles disparaissent, intégrées dans le tissu urbain ?). Restaurée une première fois sous Philippe II, malgré les progrès de l'artillerie qui la rendent inutile, elle est déclarée monument national en 1884 et inscrite au patrimoine mondial de l'humanité en 1985.

J'ai très peu accroché avec Ávila, cependant je pense que c'était davantage lié aux conditions météorologiques qu'à la ville elle même, mais j'ai beaucoup aimé faire le tour des remparts et découvrir la ville du haut. En effet, la municipalité rend d'années en années accessibles au public de nouveaux tronçons de la muraille et plus de la moitié se visite actuellement. Principal attrait touristique de la ville, son éclairage nocturne est aussi particulièrement réussi.

Le lendemain, nous devions nous diriger vers l'Escurial - monastère, palais, panthéon, bibliothèque - construit par Philippe II à partir de 1563, et là nous avons littéralement craqué. Denis et moi, nous nous sommes regardés droit dans les yeux, même pas besoin de parler après plus de 35 ans de vie commune, et avons mis le cap au sud, direction le soleil et l'Andalousie où vont nous rejoindre nos filles à Noël. Nous reviendrons explorer la région de Madrid au printemps ou... pas.

Pour approfondir:

Dossier l'Histoire, Espagne(s). D'Al-Andalus à la crise catalane, avril 2018 et plus particulièrement les articles intitulés Au temps D'Al-Andalus et XVI-XVII S, le grand départ.